
Jorge Bodanzky est né en 1942 au Brésil et a étudié à l’Institut für Filmgestaltung en Allemagne. Après avoir débuté comme photographe pour des magazines, il fait ses débuts au cinéma en 1971 en tant que directeur de la photographie et réalisateur. Iracema (1975) marque le début de sa série de films consacrés à l’Amazonie, qu’il poursuit encore aujourd’hui. Il a réalisé plus de 60 longs métrages.


IRACEMA
(1974)
Dans une œuvre qui mêle documentaire et fiction, une petite équipe de cinéma part en Amazonie pour tourner un film avec une grande liberté formelle. Le fil de l’intrigue : un camionneur, Tião Brasil Grande, rencontre une jeune prostituée, Iracema. Ensemble, ils traversent l’Amazonie, alors une région de sécurité nationale sous contrôle militaire strict, se mêlant aux habitants et à d’autres artistes. Le voyage – et le film dans son ensemble – est un prétexte pour montrer les problèmes de la région : déforestation, conditions de travail et de santé précaires, paysans vendus, à rebours de la propagande délirante du gouvernement, qui vante la construction de l’autoroute Transamazônica et ses effets supposés sur l’essor du pays.
Vendredi 7 Novembre – 20h – CGR Dragon

TROISIÈME MILLÉNAIRE
(1981)
Le sénateur Evandra Carreira fait une tournée électorale dans le Haut Solimoes, région frontière encore mal définie de l’Amazonie : voyage à la nécessité improbable. Le film suit son périple et prend la forme d’un journal de bord où la caméra enregistre les événements, les différentes stations du bateau descendant le fleuve à la rencontre des populations. Passant de la parole du politique à l’œuvre, démagogie et séduction, à la parole hésitante des autochtones surpris par cette visite. Ce parti pris de cinéma-direct où rien n’est prémédité permet de mettre à jour l’incongruité de cette campagne, et la sincérité du sénateur qui en fait un personnage dérisoire et pathétique, en dépit de sa superbe.
Dimanche 9 Novembre – 18h30 – CGR Dragon

A PROPOS DE
« TRISTES TROPIQUES »
(1991)
« Je hais les voyages et les explorateurs. Et voici que je m’apprête à raconter mes expéditions… » Tristes Tropiques, Claude Lévi-Strauss. « Tel je me reconnais, voyageur, archéologue de l’espace, cherchant vainement à reconstituer l’exotisme à l’aide de parcelles et de débris. » Voyage initiatique sur les traces d’un jeune ethnologue inconnu, Claude Lévi-Strauss, qui, de 1936 à 1938, parcourt les savanes et les forêts du Brésil méridional en quête de mondes primitifs. Confrontation entre les images photographiques et cinématographiques qu’il réalisa alors, et celles que nous avons filmées un demi-siècle plus tard sur les lieux-mêmes de ses expéditions chez les Indiens. En contrepoint, des extraits de Tristes Tropiques, son autobiographie intellectuelle qui le rendit célèbre dans les années 50 et l’entretien qu’il nous accorda au retour de notre pèlerinage.
Lundi 10 Novembre – 16h30 – Muséum d’Histoire Naturelle

UN REGARD INQUIET :
LE CINÉMA DE JORGE BODANZKY
(2025)
La redécouverte d’un enregistrement de 1973, lorsque, à l’invitation d’une chaîne de télévision allemande, Jorge Bodanzky a documenté la construction de l’université Humboldt, dans l’État du Mato Grosso, en pleine dictature. Au cours d’un survol des environs, au milieu de la forêt dense, une image intrigante : une grande maloca avec des indigènes essayant d’atteindre l’avion avec des flèches. C’est le point de départ qui permet au cinéaste de revisiter, sans scénario et un demi-siècle plus tard, sa relation historique avec l’Amazonie et l’histoire derrière cette image, dans une approche spontanée et intimiste.
Mardi 11 Novembre – 14h – CGR Dragon
DANS L’INTENSE MAINTENANT
João Moreira Salles
Brésil – 2017 – 127′ – VOSTFR
Mêlant un film de famille de sa mère touriste en Chine en 1966 et les archives de Mai 68, João Moreira Salles interroge la postérité des moments les plus intenses de l’Histoire, officielle ou intime – comment vivre après leur fulgurante perfection ?
Né dans une famille traditionnelle, João Moreira Salles et son frère fondent en 1987 la société de production VideoFilmes. Cette même année, il réalise China, o Império do Centro et écrit le scénario du documentaire Krajcberg, o Poeta dos Vestigios, pour lequel il reçoit de nombreuses récompenses. Il se dédie ensuite à la publicité et en 1998, il lance la série de programmes Futebol. En 2002, pendant les élections présidentielles, il réalise le documentaire Entreatos sorti en 2004. En plus de son activité de cinéaste, João Moreira Salles est également journaliste et fonde en 2006 la revue littéraire Piauí. Il a également réalisé le film Santiago qui a reçu le Grand Prix Cinéma du réel. Son dernier film No Intenso Agora a reçu plusieurs prix au festival Cinéma du réel en 2017 et a été programmé à la Berlinale et aux RIDM.
(Source : FilmDocumentaire)
Samedi 8 novembre – 10h30 – Médiathèque Michel-Crépeau
COPAN
Carine Wallauer
Brésil, France – 2025 – 98′ – VOSTFR
COPAN, le plus grand immeuble résidentiel d’Amérique-Latine, est un microcosme de tout ce que représente le Brésil. Ce portrait du bâtiment de la taille d’une ville et de ses habitant·es met en lumière un pays déchiré par la corruption, le populisme et l’effondrement de la démocratie.
La réalisatrice brésilienne Carine Wallauer a participé à des expositions photographiques à l’internationale et au Brésil. En tant que directrice de photographie, elle a été nominée et récompensée par le Festival du Film de Gramado et le Prix ABC de la Cinématographie. Elle a écrit et réalisé son premier long-métrage documentaire : COPAN. Le film a fait sa première mondiale dans la compétition NEXT:WAVE du festival CPH:DOX, a remporté le prix du meilleur long métrage brésilien du Festival International E Tudo Verdade / It’s All True et a été sélectionné au Festival de Biarritz Amérique Latine.
Samedi 8 novembre – 13h30 – CGR Dragon
En présence d’un mixeur son Antoine Dalmasso et du producteur Nabil Bellahsene
BRANCO SAI, PRETO FICA [WHITE OUT, BLACK IN]
Adirley Queirós
Brésil – 2014 – 89′ – VOSTFR
Des coups de feu dans un bal de musique noire dans la banlieue de Brasilia blessent deux hommes. Un troisième vient du futur pour enquêter sur ce qui s’est passé et prouver que c’est la faute de la société répressive.
Adirley Queirós est un cinéaste brésilien mêlant documentaire et fiction. Parmi ses œuvres majeures, White Out Black In (2014) a remporté plus de vingt prix au Brésil et à l’étranger, et Once It Was Brasilia a été présenté en avant-première au 70e Festival du film de Locarno où il a reçu la mention spéciale Signs of Life. Son travail est projeté au Lincoln Center, au Museum of the Moving image, à l’ICA de Londres, à la Pacific Film Archive, et présenté dans des publications telles que Artforum, Cinemascope et les Cahiers du Cinéma. Ses films sont sortis en salles au Brésil, aux États-Unis, au Royaume-Uni, en Argentine et au Portugal entre autres.
(Source : FilmDocumentaire.fr, d’après Cinéma du Réel & FIDMarseille)
(Source : FilmDocumentaire)
Samedi 8 novembre – 20h – La Sirène
Précédé du film Lucas Santtana, le paradis (c’est ici) de Vladimir Cagnolari et suivi des concerts de João Selva et Lucas Santtana.
Soirée payante
SAMUEL ET LA LUMIERE
Vinícius Girnys
France, Brésil – 2023 – 70′ – VOSTFR
Samuel vit à Ponta Negra, un petit village sur la côte de Paraty, au Brésil. Au début, la vie quotidienne idyllique au rythme de la nature et le développement de l’identité de l’enfant donnent le ton du film. Nous suivons lui et sa famille pendant six ans. Peu à peu émerge une réalité plus complexe et ses contradictions, entre modernité et tradition, nature et technologie. L’arrivée de l’électricité et du tourisme dans le village cristallise la déconstruction d’un paradis idéalisé, dessinant un portrait du Brésil contemporain.
Vinícius Girnys est un réalisateur de 35 ans. Samuel et la lumière est son premier long métrage, achevé en 2023. Le film a été présenté dans plus de trente festivals à travers le monde, a reçu onze prix et mentions honorables et s’est qualifié pour la première étape des Oscars 2024 dans la catégorie Meilleur documentaire.
(Source : FilmDocumentaire.fr, d’après Tënk)
Dimanche 9 novembre – 14h – Musée Maritime
INDIANARA
Aude Chevalier-Beaumel & Marcelo Barbosa
Brésil – 2019 – 84′ – VOSTFR
Dans un Rio en ébullition, la colère gronde. Indianara, révolutionnaire hors norme, mène avec sa bande un combat pour la défense des minorités et la survie des personnes transgenres au Brésil. Face à la menace totalitaire qui plane sur le pays, une seule injonction : résister !
Aude Chevalier-Beaumel a fait ses études à l’Ecole des Beaux-Arts de Montpelier où elle se spécialise en cinéma. Passionnée de Capoeira, elle s’installe au Brésil en 2007. Son premier long métrage documentaire est sélectionné au Rio de Janeiro International Festival. Elle réalise plusieurs moyen métrages au Mexique pour la chaine brésilienne Canal Futura. Elle est également journaliste et correspondante au Brésil, pour le journal d’ARTE. En 2013 elle a réalisé le film Rio Année Zéro et en 2017, elle réalise avec Michael Gimenez Sexe, Prêches et Politique. Indianara est son dernier film.
Marcelo Barbosa est né dans l’Etat de São Paulo au Brésil. En 1996 il se forme en cinéma à l’Université Fédérale de Brasilia et commence sa carrière comme directeur de la photographie. Pendant 15 ans il travaille dans le monde de la publicité et est également photographe pour des grands magazines brésiliens. À partir de 2000, il se dédie plus exclusivement au cinéma et réalise plusieurs courts métrages de fiction. Indianara est son premier long métrage.
Lundi 10 novembre – 13h30 – Maison de l’Etudiant
En présence d’Aude Chevalier-Beaumel
A CET INSTANT, DANS LE CIEL DU BRESIL
Sandra Kogut
Brésil – 2023 – 105′ – VOSTFR
Tourné tout au long de l’année 2022, le film suit de près les mois tumultueux de la période électorale qui ont abouti à l’invasion du Congrès national, du Palais présidentiel et de la Cour suprême, le 8 janvier 2023. À travers l’expérience de personnages impliqués dans le processus électoral, articulant l’intime et le politique, nous plongeons dans un Brésil en attente et sous tension. Un pays où coexistent des réalités parallèles qui ont du mal à se regarder.
Sandra Kogut a d’abord utilisé le cinéma et la vidéo comme plasticienne avant de réaliser des documentaires et des films de fiction. Ses œuvres, dont Mutum (2007), primé une vingtaine de fois, ont été présentées et récompensées dans de nombreux festivals internationaux. Son travail a été exposé au MoMA ou encore au Guggenheim Museum.
Elle a enseigné à Columbia, Princeton et à l’École des Beaux-Arts de Strasbourg, et partage sa vie entre Rio, Paris et New York. Invitée du DAAD Berliner Künstlerprogramm et Fellow du Harvard Radcliffe Institute, elle a également été commentatrice à la télévision brésilienne. Son dernier film, À cet instant, dans le ciel du Brésil, est actuellement présenté dans plusieurs festivals internationaux et est sorti en salles en août 2025.
Lundi 10 novembre – 18h30 – Maison de l’Étudiant
LE SEL DE LA TERRE
Wim Wenders & Juliano Ribeiro Salgado
France – 2014 – 100′ – VF
Alors qu’il a témoigné des événements majeurs qui ont marqué notre histoire récente : conflits internationaux, famine, exode…, Sebastião Salgado se lance à présent à la découverte de territoires vierges aux paysages grandioses, à la rencontre d’une faune et d’une flore sauvages dans un gigantesque projet photographique, hommage à la beauté de la planète. Sa vie et son travail nous sont révélés par les regards croisés de son fils, Juliano, qui l’a accompagné dans ses derniers périples et de Wim Wenders, lui-même photographe.
Wim Wenders : Après des études de médecine et de philosophie, Wim Wenders se forme au cinéma à Munich. Figure émergente du « Nouveau Cinéma Allemand », il fonde la société de distribution Filmverlag der Autoren (1971) puis sa société de production Road Movies (1975). Réalisateur et photographe reconnu, membre de l’Académie des Arts de Berlin, il préside l’European Film Academy et détient plusieurs doctorats honorifiques.
Juliano Ribeiro Salgado : Né à Paris dans une famille franco-brésilienne, Juliano Ribeiro Salgado débute à Arte avec Suzana (1996), puis tourne des documentaires en Éthiopie, Afghanistan et au Brésil. Diplômé de la London Film School en 2003, il réalise courts-métrages et documentaires pour la télévision française, dont Nauru, une île à la dérive (2009), sélectionné dans de nombreux festivals internationaux.
Mardi 11 novembre – 10h30 – La Coursive
En présence du producteur David Rosier (sous réserve)
HISTOIRES CROISÉES
Alice De Andrade
France – 2008 – 53′ – VF et VOSTFR
Alice de Andrade, fille aînée du cinéaste Joaquim Pedro de Andrade, évoque la filmographie de son père en rapport avec l’Histoire et la culture brésiliennes. Ce faisant, ce documentaire retrace une certaine pratique du cinéma. Afin de restituer la dynamique et la richesse de cette pratique, le film adopte la forme d’un miroir brisé, réfléchissant une image éclatée, à foyers multiples. Il « convoque » le réalisateur à travers des images d’archives et d’entretiens filmés ; il s’appuie sur des bandes-annonces des films, sur des plans et des séquences filmés par des amis et sur une enquête présente de la réalisatrice, pour retracer son passé et celui de son père, le cinéaste. Aussi met-il au moins trois mémoires en jeu : la mémoire de la famille du cinéaste, la mémoire de la mouvance du « Cinema Novo » et la mémoire collective du Brésil.
Cinéaste, réalisatrice, scénariste et productrice d’une œuvre cohérente, construite entre le Brésil, Cuba et la France, primée tant au Brésil qu’à l’étranger. Titulaire d’une Maîtrise et d’un Master en Valorisation des Patrimoines Cinématographiques de l’Université Paris VIII et de l’Université de São Paulo (ECA-USP), Alice a été coordinatrice technique de la restauration numérique de l’œuvre complète de Joaquim Pedro de Andrade. Elle a également conçu et organisé le 1er Taller de Altos Estudios en Restauración Fílmica à l’EICTV, contribuant ainsi à la classification des Actualités Cinématographiques Latino-Américaines de l’ICAIC, réalisées par Santiago Álvarez, en tant que Mémoire du Monde par l’UNESCO. Elle travaille actuellement à la restauration de l’œuvre de Jorge Bodanzky et a déjà restauré en 4K les longs-métrages IRACEMA, sélectionné au Festival de Berlin, et TROISIÈME MILLÉNAIRE.
Mardi 11 novembre – 16h – CGR Dragon
COURTS MÉTRAGES DE FEMMES AUTOCHTONES
Séance programmée et animée par Beatriz Rodovalho,
enseignante, chercheuse et programmatrice, spécialiste du cinéma brésilien.
Dimanche 9 novembre à 16h – Médiathèque Michel-Crépeau
Constellations du cinéma autochtone brésilien : la Rede Katahirine
Cette séance présente le travail du réseau Katahirine – Rede Audiovisual das Mulheres Indígenas. Créé en 2022 au Brésil, le réseau – dont le nom signifie « constellation » dans la langue Manchineri – se consacre au cinéma autochtone des femmes. Basé sur des pédagogies du partage, leurs pratiques féministes, collectives et communautaires développées entre femmes autochtones et alliées transforment la production et la circulation du cinéma contemporain amérindien.
Ce programme présente trois documentaires réalisés par des cinéastes de différentes régions du Brésil, explorant plusieurs voies cinématographiques et possibilités de réenchantement du cinéma, comme elles le défendent.

Ooni
de Lily Baniwa et Naiara Alice Bertoli | 2022 | 7’
Ooni signifie « eau » en langue baniwa. L’eau noire du Rio Negro, l’eau blanche pour étancher la soif après une journée de travail dans les champs. L’eau du ruisseau pour se baigner, l’eau que le chaman utilise pour bénir et guérir les maladies, l’eau que les femmes transportent sur leur tête. L’eau stagnante du lac asséché, l’eau sale de la ville qui envahit les communautés. Les femmes baniwa de la communauté d’Itacoatiara-Mirim, dans la ville de São Gabriel da Cachoeira/Amazonas, portent dans leur corps-eau les histoires et les danses qui composent leurs formes de résistance.

Minha câmera é minha flecha (Ma caméra, ma flèche)
de Natália Tupi et Guilherme Fascina | 2023 | 19’
Richard Wera Mirim est un jeune communicateur du peuple Guarani Mbyá de la Terre autochtone Jaraguá, un territoire qui résiste encore aux marges de l’autoroute Bandeirantes, à São Paulo. Le film retrace une partie de son parcours, associé à la puissance politique de l’audiovisuel et à l’utilisation des réseaux sociaux dans la lutte autochtone. La caméra y devient une arme de documentation et d’auto-représentation.

Faísca
de Bárbara Matias Kariri | 2025 | 13’
Après un conflit familial, quatre femmes de différentes générations se retrouvent autour d’un secret ancestral. Entre silences et rituels, elles tentent de reconstruire les liens rompus par le temps. L’ancestralité se manifeste dans les gestes, les rêves et le contact avec la nature. Peu à peu, des révélations profondes transforment leurs vies. Le passé revient pour les guider sur un chemin de guérison et d’appartenance.

